Mon 5 à 7 avec Alix Girod de l’Ain !
Mon 5 à 7 avec Alix Girod de l'Ain !
La rédactrice phare de l'hebdo « Elle » qui nous fait pleurer de rire, c'est elle. L'auteur de l'irrésistible « De l'autre côté du lit » (Editions Anne Carrière), c'est également elle, le sympathique personnage qui m'a reçue dans son domicile parisien à Montmartre pour un 5 à 7 (Honni soit qui mal y pense !) avec, au programme, des « small talks » savoureux entre deux journalistes de sexe féminin, c'est vraiment elle ! Attention, on tourne…
Elle ouvre la porte avec un sourire étonné : « entrez, comme c'est sympa de venir me rendre visite chez moi » Il est vrai que la requête téléphonique était quelque peu inattendue : un mot laissé sur sa messagerie vocale : « bonjour, vous ne me connaissez pas, je suis une telle, une consoeur d'un mensuel féminin francophone au Liban et je souhaite vous rencontrer pour une entrevue de journaliste à journaliste » Plus proche des petites annonces que d'un rendez-vous professionnel ! Réponse par un retour d'appel : « je ne vous connais pas et je n'ai pas tout à fait compris votre message » et tout de suite après éclaircissements et d'une voix enjouée : « avec plaisir, demain à mon domicile à 17h »
Si Alix Girod de l'Ain s'est habituée à être « de l'autre côté du lit » (son roman raconte l'histoire d'un homme et d'une femme mariés qui échangent leurs vies), elle reste, comme toute journaliste, partisane du côté pile du magnéto : celle qui interroge plus qu'elle n'est interrogée. Le petit « recorder » placé à table à mi chemin entre nous deux est vite oublié pour laisser place à une fin d'après-midi de bavardage, entre deux nouvelles copines…
Son idée fixe : se marier et avoir des enfants
Troisième fille d'une « famille de bons aristo-bourgeois », Alix ne rêvait que d'une seule chose dès sa naissance : se marier et avoir des enfants. Avec un père féministe (ce n'est pas une blague !) qui insistait pour que ses filles fassent de bonnes études et soient indépendantes, la benjamine, contrairement à ses aînées qui ont bien suivi le droit chemin, « n'avait vraiment rien à cirer » puisqu'elle avait le sentiment qu'elle allait convoler très vite et que « le bonheur ne pouvait pas passer par une vie professionnelle, parce qu'on ne choisissait pas les gens avec lesquels on allait travailler et que la chose la plus importante était de réussir sa vie privée : avoir un bon mari, de bons enfants, de bons amis…Jeune fille, j'avais une mentalité de vieille dame et 85 ans dans ma tête » Elle passe quand même son bac, condition sine qua non paternelle, mais ce dernier n'a pas le temps de savourer la réussite de sa fille puisqu'il décède juste après…En son nom, elle décide de faire des études supérieures même si elle pensait se marier avec son amoureux dès que la relation dépassait l'année (la Charlotte de Sex And The City en somme !?) Résultat : une maîtrise en journalisme et une licence en Anglais à la Sorbonne (quand même !) et rencontre à 22 ans son futur mari, de dix ans son aîné et propriétaire d'une maison d'édition. Alix se frotte les mains et pense réaliser son rêve d'enfant : « je vais épouser un homme qui a un nom connu, il est donc riche et je ne travaillerai jamais ! » Retour sans transition du voyage de noces à la réalité : son mari fait partie d'une compagnie d'éditeurs où tout le monde est salarié. « Quelle horreur ! Il va falloir que je me trouve du boulot » se dit Alix en se promettant d'éviter les entreprises « où les gens sont prisonniers de leurs bureaux » et opte pour la liberté et la pige !
« Au départ, je ne voulais pas écrire parce que quand on épouse un éditeur d'une famille où l'on trouve chez tout le monde des piles de manuscrits, on n'a pas du tout envie d'être le manuscrit pas terrible au sommet de la pile des manuscrits pas terribles…J'ai donc travaillé pendant huit ans avec ma mère qui avait des boutiques de décoration, et je gagnais ma vie et m'occupais en parallèle de mes deux enfants aînés : la parfaite « housewife » qui écumait les livres de cuisine et recevait tous les lundis soir à dîner dans un trip des années « seventies » tout en gardant un sens de l'humour qui me permettait de garder suffisamment de distance avec tout ça et de m'amuser beaucoup dans mon travail avec ma mère… » La boutique située près de la Tour Eiffel lui fait rencontrer tous les types de population « imaginables, de la bourgeoise du 7ème, au touriste en gougette, à la japonaise etc. Ce genre de boulot développe le sens de la psychologie et ça a été des années de formation qui ont servi à ce que j'allais faire plus tard parce que le jour de mes trente ans, je me suis regardée dans la glace et je me suis dit : « Alix, t'as quand même fait le tour de ta caisse et il va falloir maintenant que tu surprennes ton mec et que tu fasses autre chose, t'as envie d'écrire et tu ne le fais pas un peu par excès de modestie ou par peur de l'échec mais faut quand même y aller… »
Son premier livre : « Comment se faire épouser »
Elle se jette à l'eau (et à l'encre) et publie son premier livre « Comment se faire épouser » qui est un guide pratique où elle part du principe qu'aujourd'hui le mariage n'est plus obligatoire, mais qu'il y'a quand même des gens qui ont envie de se marier (même si ça se solde souvent par des divorces) ; lequel dans le couple avait au départ le plus envie de convoler en premier et comment pousser l'autre à faire le pas…
Un livre écrit à l'insu de son époux et édité par sa belle sœur « qui a cru » en elle. Il ne l'a lu qu'après impression. « Ma famille, les Laffont, sont dans l'édition comme les Marouani dans la musique : un peu partout… »
Le livre tombe dans les mains d'une journaliste de « Elle » qui le trouve très rigolo, et « une bonne accroche pour la revue, dans le genre « Etes-vous bonne à marier ». Rencontre. « A la fin de l'entretien, elle me demande quels étaient mes projets futurs. Je réponds : j'ai écris ce livre, je ne travaille plus avec ma mère, je cherche du boulot et si vous avez besoin de quelqu'un pour vous apporter le café à « Elle », je suis prête ! ... Et là, elle a été très sympa en me disant qu'on recherchait des plumes comme la mienne et me propose de m'obtenir un rendez-vous avec la rédactrice en chef…»
« Elle », je ne veux qu' « Elle »
Dans les locaux de « Elle » et de fil en aiguille, la familiarisation à l'écriture journalistique calibrée se fait dans une ambiance amicale… « Rentrer à « Elle » m'a donné de suite une petite notoriété et j'ai fait très vite de la radio et un peu de télé, mais je n'ai pas aimé et j'ai donné ma démission au bout de trois mois : j'ai donc passé un an à Europe 1, deux ans tous les matins à France Inter et j'y suis encore. Ceci me permet de ne pas faire que de la presse féminine…C'est merveilleux de faire partie de l'équipe de « Elle » mais c'est beaucoup de femmes entre elles : individuellement, tout le monde est très sympa, mais toutes réunies c'est « Vénus-Beauté » institut quoi ! Il est bon de pouvoir prendre le large parfois et j'essaie de faire, à côté, de l'écriture différente du journalisme (d'où mes romans)
Les premiers codes du journalisme féminin qui m'ont été inculqués à « Elle », c'est de ne jamais dire « je » et ne pas se mettre en avant…auxquels j'ai répondu : lorsque j'écris « je », ce n'est pas « je » Alix mais « je » lectrice et que s'il y'a des choses qui arrivent dans ma vie (je n'ai pas une vie plus extraordinaire que les autres femmes), elles doivent arriver aux autres également…et j'ai commencé à recevoir des lettres par le courrier du lecteur dans lesquelles on me disait : « lorsque vous dites « je », c'est moi qui parle…vous racontez ma vie » et je me suis dit : c'est gagné ! Ceci dit, il faut savoir garder la bonne distance dans un papier people par exemple pour ne pas parler plus de soi que du people en question !
C'est un métier d'adrénaline, surtout lorsque vous recevez un coup de fil paniqué le soir, où l'on vous demande « d'écrire n'importe quoi pour remplir deux pages qui ont sauté en dernière minute…C'est merveilleux de relever le défi et de pouvoir le faire tranquillement de chez moi…Vive le mail !
"Elle" est une revue qui a ses amis chez les people et auxquels il est interdit de toucher, tout comme dans d'autres rédactions, comme par exemple à RTL on n'a pas le droit de dire du mal des de Johnny Hallyday et…des Belges !
A « Elle » pas touche à Emmanuel Béart, surtout depuis qu'elle a eu sa fameuse couverture rentrant à poil dans l'eau, Vanessa Paradis pareil…
Des jalousies au sein de l'équipe ? Plutôt des petites frustrations, des petites tristesses sans plus…Les pages les plus lues ? Horoscope, numérologie et une journée avec… »
Les grands moments de sa vie
Ses grands moments sont essentiellement ceux de sa vie privée et de son bonheur auprès de sa petite famille avec son époux, son fils Félix 14 ans, sa fille Eloise, 12 ans et Paulo le petit dernier qui a 4 ans (Petit Prince aux boucles d'or et aux yeux bleus limpides). Alix déclare faire partie « du couple sur deux qui ne divorce pas et qui est très heureux en ménage et en famille…Ce n'est pas parce qu'on reste mariés qu'on est nécessairement vieux ou chiant… »
Ceux de sa vie professionnelle ? « Mon premier papier « à la vitesse supérieure » : on m'avait envoyé à Londres pour interviewer Glenn Close, c'était ma première fois et je ne savais même pas comment m'y prendre. J'étais affolée, paniquée par l'idée de ne pas avoir le niveau requis en Anglais…au final, ça s'est très bien passé.
Ma très grande joie, c'est aussi lorsque mon roman « De l'autre côté du lit » est sorti il y'a deux ans, qu'il a eu du succès et qu'on m'a appelée pour me dire qu'on faisait des tirages supplémentaires… Ca c'est de superbes cadeaux que vous fait la vie : écrire un livre, le terminer, trouver un éditeur, l'éditer, c'est déjà formidable, et si en plus il marche bien et qu'on le demande pour le cinéma… Il y'a des moments où on dit que le futile est utile, c'en est la preuve ! »
A l'annonce qu'elle est lue et appréciée par les lectrices libanaises, Alix est étonnée de savoir qu'on la connaît au Liban : « Mais je vais donc aller au Liban ! » répond elle dans un éclat de rire.
La notoriété ne change pas une personne
« C'est le regard que les autres portent sur vous qui change lorsque vous devenez célèbre…A mon avis, les gens connus sont presque tous malheureux alors que la notoriété relative apporte juste ce qu'il faut de reconnaissance pour doper le moral et l'ego…Au moins les gens ne sont pas là à nous demander des autographes et filer nos enfants…Je n'ai jamais ressenti la frustration d'être à la place des people que j'interview, bien au contraire, je me frotte les mains de ne pas y être, à moins d'être Tom Cruise ou Georges Clooney, et encore ! Tom Cruise a toujours des garde du corps atroces autour de lui alors que Georges Clooney est abordable, charmant et extrêmement sympathique : il a répondu avec beaucoup d'humour au questionnaire « Georges Clooney face à la rédactrice de « Elle » que je lui ai soumis et dont la première question était : « vous vivez avec un cochon qui a la queue en tire-bouchon, bien sûr, est-ce que votre queue est en tire-bouchon ? » C'est un grand bonhomme qui répondait à toutes les questions avec un sérieux papal, alors que si on posait ces mêmes questions à un acteur de téléfilm en France il aurait été profondément choqué. Clooney s'en foutait et rigolait. A un moment j'ai du lui demander : « Est-ce que vous êtes capable de savoir si une femme a les seins refaits » ? A quoi il a répondu : « Si à l'œil, non, sauf s'ils ont été refaits avant 87 parce que le renflement par-dessus était très évident. En revanche, si je ne peux pas toucher, j'ai une autre technique : j'allonge la fille sur la plage et si je peux ranger mon vélo entre ses seins, c'est qu'ils sont refaits… »
Est-ce que le cœur d'Alix a battu (platoniquement) pour une star ? « Liam Neeson que je soupçonne d'être extrêmement chaud. A la fin de notre entretien d'une heure, je lui ai demandé quels étaient ses projets à Paris : faire du shopping etc. et lui de me répondre : « Non, mais je demanderai bien à quelqu'un de m'accompagner… », Alix : « Pour acheter des cadeaux à votre femme ? », Neeson : « Non. Pas pour acheter des cadeaux à ma femme… » Et je me suis alors dit : « qu'est-ce que je fais » ? Et j'ai pris mes jambes à mon coup et je suis partie… »
Et là, je viens de « faire » Richard Gere à Londres. En fait ce qui est sympa dans le journalisme c'est ce que les papiers les plus drôles sont ceux où quelque chose ne tourne pas rond, et hop, on peut s'amuser ! Ca a été le cas de l'interview avec Gere qui ne m'a parlé que du Dalaï Lama avec un mot sur deux en tibétain. J'ai fait de tout pour détourner la conversation sur un autre sujet, rien à faire. Et à la question que je pose à toutes les stars masculines à savoir, qui est, selon eux la plus belle femme du monde, de répondre : « Ma femme » (c'est nase !) alors que tout le monde, annonce invariablement « Ava Gardner »… (D'autant plus que Omar Sharif m'avait confié que quand cette femme apparaissait aucune autre femme ne pouvait exister)…Et comme rien ne se passait dans cette interview je lui lance « Shall We Dance Mr Gere » ? (En référence à son dernier film) et je me prends un râteau lorsqu'il me répond « non, je suis fatigué » alors qu'il avait dansé avec le premier ministre du Japon. C'est dégueulasse qu'il le fasse avec un homme et pas avec moi… »
19h. Un texto annonçant l'élection de Benoît XVI comme successeur à Jean-Paul II, met fin au 5 à 7 avec Alix Girod de l'Ain. Echange de cartes de visites, d'adresses email, poignées de main…
« Au revoir Bélinda première ». A bientôt Alix première…
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